Voilà un roman moderne (2004) qui s'inscrit dans la ligne des romans d'anticipation comme le Meilleur des Monde ou 1984. Dans ce contexte, la science-fiction est plus un prétexte à la réflexion sur ce que l'homme fait du monde qu'une fin en soi.
Globalia est une société futuriste (mais pas très éloignée) où la mondialisation a été poussée à l'extrème et dirigée par une super-démocratie en théorie parfaite, égalitaire, sécurisée...
Par certains côtés, j'ai trouvé que l'auteur ne poussait pas encore assez loin ses idées et j'ai été déçue du dénouement mais ce roman mérite vraiment d'être lu, ne serait-ce que parce que c'est de l'anticipation intelligent et, de plus, francophone (c'est quand même rare).
On lit en se disant qu'il n'est pas impossible qu'on aboutisse un jour à ce genre de société pas si éloignée de nous (n'y sommes nous pas déjà en partie?) et que son danger est que, pris à l'intérieur, il est difficile d'en percevoir vraiment les failles et les injustices.
Quelques citations tirées du roman:
- "Croyez-moi, un bon ennemi est la clef d'une société équilibrée "
- "Chaque fois que les livres sont rares, ils résistent bien. À l'extrême, si vous les interdisez ils deviennent infiniment précieux. Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire : on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants."
- "La liberté c'est la sécurité, la sécurité c'est la surveillance, donc la liberté c'est la surveillance."
J'aime bien celle sur les livres.