Rencontre avec Bénédicte Taffin, l'auteure des Yeux d'Opale.

Je m'incruste brièvement.

Bonjour à toi Bénédicte.

La remarque de MissCoco à propos de la Fnac, et sa réponse, montrent que l'édition n'est pas la fin de l'aventure comme beaucoup le croient mais le début. Le genre "premier roman" est devenu vendeur ; ce n'est donc plus le premier roman qui est décisif mais le second. J'espère donc, Bénédicte, que tu transformeras de fort belle façon cet essai par une suite, puis une série.

Sinon, j'avais une ou deux questions, et même trois, si bien sûr tu es toujours disposée et disponible pour nous apporter des précisions sur ton roman :

1°) Est-ce que tu as adapté ta façon d'écrire et de construire ton roman en vue de son public adolescent ou est-ce que tu l'as écris sans t'en préoccuper puis que l'éditeur ou toi-même l'ont classé dans la catégorie jeunesse ?

2°) Est-ce que, en écrivant pour la jeunesse, il y a certains thèmes que tu t'es évités d'aborder ? Et, puisqu'on en parle, quels sont les thèmes que tu privilégies ou plus globalement, que l'on privilégie ? Et comment les définir ? Faut-il avoir des enfants à la maison et mère d'une famille nombreuse ?

3°) Qualifierais-tu "Les Yeux d'Opale" de roman de science-fiction ou d'aventures futuristes ? Et pourquoi avoir campé ton histoire dans un tel monde ? Par soucis pratique, comme par exemple d'utiliser une navette plutôt qu'un cheval, plus lent et d'un entretien exigent, ou pour développer certains thèmes, images, décors et/ou personnages ? T'es-tu sentie contrainte par ce que tu voulais exprimer ou est-ce un choix personnel pris en dehors de toute obligation ? Dans ce dernier cas, pourquoi le futur imaginaire et non la fantasy par exemple ?

Merci d'avance pour ces réponses et bon courage pour la suite.

PS : Il paraît que le livre sur les dames du mythe des chevaliers de la table ronde est bien ; en revanche je déconseille le film, qui n'est pas terrible ni très convaincant à mon goût. En même temps, je suis un mec, ce qui explique peut-être cela.

Sunny Blue a écrit:

Bonjour à toi Bénédicte.

Bonjour. Enfin, bonsoir.

Sunny Blue a écrit:

La remarque de MissCoco à propos de la Fnac, et sa réponse, montrent que l'édition n'est pas la fin de l'aventure comme beaucoup le croient mais le début. Le genre "premier roman" est devenu vendeur ; ce n'est donc plus le premier roman qui est décisif mais le second. J'espère donc, Bénédicte, que tu transformeras de fort belle façon cet essai par une suite, puis une série.

Je ne sais pas si le "premier roman" est vraiment vendeur dans les littératures de genre. Personnellement, ce n'est pas un point que je regarde avant d'acheter un roman, et je pense que ça peut faire fuir autant que ça peut attirer.

Sunny Blue a écrit:

Sinon, j'avais une ou deux questions, et même trois, si bien sûr tu es toujours disposée et disponible pour nous apporter des précisions sur ton roman :

Je suis encore là, oui.

Sunny Blue a écrit:

1°) Est-ce que tu as adapté ta façon d'écrire et de construire ton roman en vue de son public adolescent ou est-ce que tu l'as écris sans t'en préoccuper puis que l'éditeur ou toi-même l'ont classé dans la catégorie jeunesse ?

J'ai écrit "Les yeux d'Opale" pour les adultes et non pour les adolescents. Je suis un peu tombée des nues quand Gilles Dumay m'a dit que c'était trop jeunesse pour lui et je m'attendais vraiment à un refus de la part de Gallimard Jeunesse parce que je pensais le manuscrit trop adulte. Il s'avère que le roman s'adresse aux plus de 14 ans et qu'en y réfléchissant, la barrière entre un adolescent de 14 ans et un jeune adulte est très ténue. Donc, non, je n'ai pas adapté ma façon d'écrire ou la construction de mon roman en fonction d'un public jeune. Il y a juste la scène de viol qui a été édulcorée pour répondre aux critères légaux d'une oeuvre jeunesse.

Sunny Blue a écrit:

2°) Est-ce que, en écrivant pour la jeunesse, il y a certains thèmes que tu t'es évités d'aborder ? Et, puisqu'on en parle, quels sont les thèmes que tu privilégies ou plus globalement, que l'on privilégie ? Et comment les définir ? Faut-il avoir des enfants à la maison et mère d'une famille nombreuse ?

Je n'ai pas décidé d'éviter ou de privilégier des thèmes. J'ai eu envie d'écrire ce qui me touchait et, à la fin du roman, je me suis aperçue que le récit englobait des thèmes. J'avais surtout envie de parler de l'hypocrisie de notre monde, de la fâcheuse tendance actuelle à croire aux apparences, souvent trompeuses. Je voulais montrer que rien n'est certain, avéré, que tout est relatif. Je voulais parler de tolérance. Ce ne sont pas des sujets spécifiquement jeunesses. Ce sont des thèmes qui nous concernent tous.

Sunny Blue a écrit:

3°) Qualifierais-tu "Les Yeux d'Opale" de roman de science-fiction ou d'aventures futuristes ? Et pourquoi avoir campé ton histoire dans un tel monde ? Par soucis pratique, comme par exemple d'utiliser une navette plutôt qu'un cheval, plus lent et d'un entretien exigent, ou pour développer certains thèmes, images, décors et/ou personnages ? T'es-tu sentie contrainte par ce que tu voulais exprimer ou est-ce un choix personnel pris en dehors de toute obligation ? Dans ce dernier cas, pourquoi le futur imaginaire et non la fantasy par exemple ?

J'avoue ne pas trop voir ce que sont des aventures futuristes. Est-ce que tu parles d'anticipation ?

Je qualifie souvent "Les yeux d'Opale" de Science Fantasy parce que c'est bien ce qu'il est : un mélange de Science Fiction et de Fantasy, la rencontre d'un monde futuriste et d'un monde médiéval.

J'ai choisi ce mélange parce que je voulais parler un choc entre deux mondes. Quand les deux peuples se rencontrent, chacun a sa manière de vivre, ses croyances. Des frictions naissent à cause de ces différences. C'est ce que je voulais "observer", mettre en scène. J'avais besoin de ces deux mondes que tout oppose pour aller au bout de la réflexion. Et les thèmes de la tolérance et de la différence sont nés d'eux même.

Je ne me suis aucunement sentie contrainte. Comme je le disais un peu plus haut, les thèmes sont nés presque naturellement sous mes doigts. Je ne me suis jamais dit un jour : je vais écrire un roman qui parlera de ça. L'histoire primait sur le reste. C'est le contexte, choisi, qui a amené les thèmes.

Voilà. Et merci pour les encouragements.

Bonjour Benedicte.

Penses-tu qu'une rencontre avec ton public éventuel, telle que tu la vis avec nous ici, ou pendant des signatures sur des salons, ou en librairie, soit importante ? Pour quelle(s) raison(s) ?

A.C.

Crois-tu au rôle prescripteur d'Internet (je dis ça en général, pas juste pour ma chapelle (Yozone, blog...))

A.C.

A.C. de Haenne a écrit:

Bonjour Benedicte.

Penses-tu qu'une rencontre avec ton public éventuel, telle que tu la vis avec nous ici, ou pendant des signatures sur des salons, ou en librairie, soit importante ? Pour quelle(s) raison(s) ?

A.C.

Bonjour A.C. de Haenne,

bien sûr que la rencontre avec un public éventuel est importante. L'écriture est un partage et faire connaître son ouvrage me semble crucial. La seule chose qui me gêne est le côté commercial qui se rattache inconsciemment à une présence en salon ou en librairie. Mais discuter de son roman avec des gens qui vont le lire ou qui l'ont déjà lu est très agréable.

A.C. de Haenne a écrit:

Crois-tu au rôle prescripteur d'Internet (je dis ça en général, pas juste pour ma chapelle (Yozone, blog...))

Les critiques positives que j'y vois sur Opale me font sauter de joie mais je ne sais pas quelle est l'incidence des critiques internet sur les ventes d'un roman. Je suppose qu'il y en a effectivement une. Pour ma part, je n'utilise pas les critiques sur internet pour faire le choix de mes lectures mais je suppose que beaucoup le font. Ce qu'il y a de bien sur internet, ce que j'y apprécie, c'est que chacun d'entre nous peut devenir prescripteur. Et ce partage, cette envie de faire découvrir aux autres son ressenti sur une oeuvre, c'est le côté convivial et extraordinaire d'internet. On ne peut que s'en réjouir.

Bénédicte Taffin écrit

Citation :

J'ai tout simplement fait le choix d'arrêter de travailler pour m'occuper de mon fils. Et ça tombait bien puisque je voulais me lancer dans une carrière littéraire suite à l'édition des yeux d'Opale par Gallimard Jeunesse. Du coup, je suis une femme entretenue.

Je voulais saluer ton choix d’écrivain et même l'applaudir. Je trouve que tu fais sans doute le bon choix, surtout après une édition chez Gallimard jeunesse. Je te souhaite une grande réussite.

Pour ma part, je n’ai pas encore lu ton roman, mais cela ne saurait tarder, je le vois qui me regarde.
Amicalement
Olivier

Merci, Olivier. Je pense avoir fait le bon choix, ne serait-ce que pour mon fils. Pour l'écriture, j'ai encore à faire mes preuves. Etre éditée par Gallimard ne signifie malheureusement pas obtenir un quelconque succès. Mais c'est une bonne motivation pour continuer d'écrire.

Les yeux de la couverture d'Opale sont vraiment hypnotiques. Comme ceux du personnage du roman auquel ils appartiennent. Je te souhaite une bonne lecture et attends ton retour.

Benedicte a écrit:

Merci, Olivier. Je pense avoir fait le bon choix, ne serait-ce que pour mon fils. Pour l'écriture, j'ai encore à faire mes preuves. Etre éditée par Gallimard ne signifie malheureusement pas obtenir un quelconque succès. Mais c'est une bonne motivation pour continuer d'écrire.

Les yeux de la couverture d'Opale sont vraiment hypnotiques. Comme ceux du personnage du roman auquel ils appartiennent. Je te souhaite une bonne lecture et attends ton retour.

Si ça peut te rassurer, au salon du livre jeunesse de Namur (le seul existant en Belgique), tu étais en première ligne dans le stand de Gallimard, moi qui ne faisais que frôler les étalages, entre les gens, je l'ai vu tout de suite.


Mais bon, j'étais venue en observation, je n'avais pas de sous lol. En plus, il faut savoir qu'à Namur, les organisateurs du salon sont aussi les organisateurs du Salon de l'Education, le grand rendez-vous des acteurs socio-éducatifs et des professions d'école, les deux salons ont lieu en même temps et ceux qui vont au salon de l'Education peuvent se rendre autant qu'ils veulent dans celui du livre jeunesse sans payer plus.

C'est donc un point important pour le choix des livres que les professeurs prendront pour leur élèves. Et Gallimard était situé tout près de l'artère entre les deux salons.

Alors croise les doigts, ça aide quand même un peu d'être chez Galli ^^

Oh mais je n'ai jamais dit que ce n'était pas bien d'être chez Gallimard. Au contraire, leur diffusion est impressionnante et je ne vais pas me plaindre. Mais si le roman ne passionne pas les lecteurs, il aura beau être en belle place sur les étalages, il ne se vendra pas plus, enfin, je pense.

Merci en tous cas pour cette information concernant le salon du livre de Namur. Je n'étais pas du tout au courant et ça me fait très plaisir.

Hello,

j'ai vu que tu es au sommaire de la revue Black Mamba. Penses-tu que c'est le début de la consécration ? Peux-tu nous parler de cette expérience, et peux-tu nous donner des conseils ?

A.C.

Bonjour. Et oui, je suis au sommaire du Black Mamba numéro 19 avec une nouvelle qui s'appelle "Relation Mère Fille"

Est-ce que je pense que c'est le début de la consécration ? Oui et non.

Non, parce que ce n'est pas le début de la gloire et que je ne vais pas commencer à regarder mes chevilles enfler. ^^ Et oui, parce que j'y vois un nouvel encouragement pour moi et que ça me pousse à continuer d'écrire.

L'expérience a été celle de l'envoi traditionnel d'une nouvelle à un magazine avec son lot de mois d'attente. Et j'avoue avoir un peu tanné Laurent Girardon, l'un des responsables de BM, par mail parce que j'étais réellement pressée d'avoir un avis sur ce texte. C'est un texte qui me touche énormément parce que, comme son titre l'indique, il parle des relations entre une mère et sa fille et surtout la façon dont une fille perçoit sa mère, de ce qu'elle aimerait changer en elle pour qu'elle devienne une mère idéale. J'avais proposé ce texte pour l'anthologie "Retour sur l'horizon" de Serge Lehman et il avait été refusé parce qu'il n'était pas assez représentatif de la SF. Serge Lehman m'a dit avoir pensé beaucoup de bien de cette nouvelle et cela m'a confortée dans l'envie de la voir publiée. Je l'ai donc adressée à Black Mamba en croisant fortement les doigts. C'est la première nouvelle, je crois, que j'envoie à un nouvel éditeur après un refus. Je tiens vraiment beaucoup à ce texte. Les corrections ont été traditionnelles et j'avoue avoir été effarée par le nombre de répétitions que j'avais laissées dans le récit. Il y a eu un petit désaccord entre moi et le correcteur, Jacques Fuentealba, à propos d'un passage du texte mais il a eu la gentillesse de laisser faire la têtue que je suis comme je le sentais.

Quant aux conseils, je dirais qu'il ne faut pas hésiter à laisser reposer un certain temps un texte avant de chercher à le corriger. C'est un peu comme un bon vin. Si la base est de qualité, il va prendre un bouquet fabuleux. Si ça ne convient pas, il virera au vinaigre. Mais la différence avec le vin, c'est qu'on peut recommencer autant de fois qu'on le désire et quand on a une histoire qui nous tient à coeur, on finit toujours par en faire quelque chose de bien. Il faut parfois savoir prendre son temps.

Maintenant, j'espère que les lecteurs apprécieront ce texte mais il n'y a aucune certitude.

Ah ben si Serge Lehman (que j'avais rencontré aux Utopiales 2009, et qui est vraiment sympa), t'a dit avoir beaucoup aimé ton texte, c'est que celui-ci doit avoir un sacré potentiel !

Merci pour le conseil de décantation, que je m'applique déjà à moi-même. Un peu trop longtemps même parfois...

Je vais essayé de me procurer ce numéro de BM !

@+

A.C. de Haenne

Bonsoir Bénédicte,
Je te suis sur ton blog et je vois toutes les bonnes choses qui t'arrivent, je suis très contente pour toi. Pour ma part, je viens de terminer ton roman. Si tu veux avoir mon avis, suis le lien.
Amicalement.

Bonsoir MissCoco. Désolée que ça ne t'aie pas plu et merci d'avoir pris le temps d'écrire ton avis.

J'ai besoin d'envoyer un mp à MissCoco, suite à sa critique d'Opale. Est-ce qu'un administrateur pourrait me donner ce droit ou est-ce que MissCoco pourrait m'envoyer un mail ? Mon mail est disponible sur mon blog. Merci d'avance.

Edit : Ce n'est plus nécessaire. Désolée pour le dérangement.

on aura le droit de connaître uniquement la parole de misscoco alors ?

Merci à vous d’être venu ici pour nous faire partager votre expérience de l’écriture. Pour vous remercier, les adhérents du forum ont décidé de créer une rubrique ouverte aux non-membres que vous trouverez en bannière tout au début du site, dans laquelle vos livres sont mis en avant.
Vous qui apportez une pierre à l’édifice de la littérature de l’imaginaire, que cette pierre nous devienne comme un marchepied qui nous entraine à fouler votre univers.
Amicalement
Le collectif RdF

A signaler une très bonne critique des Yeux d'Opale par Philippe Boulier dans le dernier Bifrost (n°62). Habituellement, leurs critiques sont assez sévères. Je cite la fin de la critique : "[...] de reconnaître en Bénédicte Taffin une conteuse de grand talent."
J'imagine que ce genre de phrase doit donner chaud au cœur.
Voilà, cela me semblait assez important pour le signaler.

A.C. de Haenne

Merci A.C de Haenne pour cette information. Je suis très content pour le roman de Bénédicte auquel je souhaite une réelle réussite. Il y a quelques semaines, la dirigeante de Chapitre.com à Perpignan avait effectué une mise en avant de son roman.
Amicalement
Olivier.

Oui, c'est plutôt cool, surtout dans une revue comme Bifrost.
C'est bien quand les libraires font leur boulot, et c'est super pour le livre.

A.C.

Je viens de recevoir le roman de Bénédicte ce matin.
Je vous tiendrai au courant quand j'en ferai une critique, après l'avoir lu bien sûr !

A.C.